Le mariage traditionnel en Afrique de l’Ouest

Futurs mariés
31 . 2023

De Syra Sylla
3/1/2023

Dieynaba est née en France, d’origine Mauritanienne et appartient à l’ethnie peul. Chez elle, le mariage est sacré et a ses propres traditions. N’ayant pu trouver d’appui logistique pour l’organisation de son propre mariage, elle se lance et devient wedding planner spécialisée dans le mariage traditionnel d’Afrique de l’Ouest (Mauritanie, Sénégal, Mali en particulier).

Quelles sont les spécificités d’un mariage traditionnel peulh (qui se compose de 3 cérémonies) ? Comment gère-t-on l’organisation d’un mariage quand les familles des mariés sont très présentes ?

Dans ce nouvel épisode de Carnet de Noces, vous en apprendrez énormément sur la culture du mariage en Afrique de l’Ouest chez les Peulhs et sur l’histoire et les ambitions de Dieynaba.

L’agence Aada Weddings :
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L’épisode 35 de Carnet de Noces est accessible sur notre chaîne YouTube :

La transcription de l’épisode 35 de Carnet de Noces est disponible ci-dessous !

Bonjour Dieynaba, je suis ravi de t’avoir sur le podcast pour ton premier exercice, apparemment, tu viens de me dire que c’est ton premier podcast. Tu m’as dit que tu étais un petit peu stressée, mais on va y aller tranquillement. Je vais déjà te demander de te présenter, de dire qui tu es, puis tout ce qui te passera par la tête. 

Bonjour Benjamin. Je suis contente, ravie d’être là. Effectivement, c’est mon premier podcast. Un peu stressée, forcément, mais ça va. Je m’appelle Dieynaba, j’ai 29 ans et je suis d’origine franco-mauritanienne, je viens de la Normandie. Ça fait un peu plus d’un an que je me suis lancée dans l’aventure de l’organisation de mariage. C’est vrai que j’ai toujours été attachée à ma culture. Je suis d’origine peulh, c’est une ethnie. Du coup, c’était important pour moi de retrouver ce côté-là dans ce que j’allais faire, dans mon activité de wedding planner.

OK. Donc ça fait un an que tu t’es lancée dans l’organisation de mariage et, si je comprends bien, tu as une spécificité et tu organises des mariages traditionnels africains. Est-ce que c’est bien ça ? 

Exactement, c’est bien ça. J’organise tout type de mariage, mais principalement les mariages traditionnels africains.

Oui. Donc tu te positionnes plus sur les mariages africains. Combien est-ce que ça représente en termes de proportion ? Ça fait un an, donc tu n’as peut-être pas organisé des dizaines de mariages non plus. Mais jusqu’à présent, sur tous les mariages que tu as organisés, quelle proportion représentent à peu près les mariages africains ?  

Comme je dis, je suis d’origine mauritanienne, donc ça concerne un peu plus l’Afrique de l’Ouest. J’espère plus tard organiser peut-être d’autres mariages en Afrique. Mais c’est vrai que l’Afrique est un continent qui est assez grand, donc je ne peux pas dire que je vais organiser tous les mariages africains. Je suis plus orientée sur les mariages de l’Afrique de l’Ouest. Pour le moment, j’ai organisé des mariages de la communauté soninké, c’est aussi une communauté en Afrique de l’Ouest, et des Peulhs. Ça touche aussi les Wolofs parfois. Mais c’est vraiment ce côté-là. Je ne sais pas si tu arrives à voir un peu les différentes communautés. 

Je ne réalise pas trop parce que c’est vrai que tu parles en termes de communauté, moi j’ai plus des pays en tête. Je ne sais pas si un pays égal une communauté, j’imagine que non. Est-ce que tu auras des exemples déjà sur les pays en Afrique de l’Ouest, puisque tout le monde n’a pas sa géographie en tête ?

Bien sûr. La Mauritanie se situe en Afrique de l’Ouest, je ne sais pas si tu situes un peu, en dessous du Maroc, à côté de l’Algérie, Mali, Sénégal. Donc ça concerne la Mauritanie, Sénégal et ça touche un peu aussi le Mali. Ce sont des populations qui sont dans ces trois pays-là, c’est-à-dire qu’on peut retrouver des Peulhs en Mauritanie, au Sénégal et au Mali, et dans d’autres pays aussi en Afrique, mais principalement dans ces pays-là.

Les Peulhs, comment écris-tu ça ? 

P-E-U-L-H, c’est comme ça qu’on l’écrit en français.

OK. J’avais entendu parler des Wolofs grâce à une connaissance qui était du Sénégal. Les Peulhs, je n’en ai jamais entendu parler. Donc c’est vraiment sur ces trois pays et c’est même l’Afrique plutôt centrale ouest. C’est vrai que les mariages un peu plus au nord sont plus sur de l’Oriental. 

Exactement. Pour le moment, je n’ai eu l’occasion d’organiser que ce type de mariage-là. J’ai été sollicitée pour d’autres mariages, mais pas encore organisé, en tout cas.

Et qu’est-ce qui fait la spécificité de ces mariages-là ? J’imagine que si tu te concentres uniquement sur ces communautés et sur ces pays, c’est peut-être qu’il y a des choses spécifiques dont il faut avoir en tête.

Oui. Du coup, il y a tout ce qui est aspect coutume, c’est pour ça que je dis vraiment traditionnel parce que ce sont des personnes qui ont hérité, si je peux dire ça, des coutumes de mariage de leur pays, de leurs parents. Dans une organisation générale, on ne le prend pas vraiment en compte. Donc là, le but est que la personne puisse, dans cette organisation « générale », avoir ce côté coutumier. Je ne sais pas vraiment comment expliquer. Il y a tout ce qui est aspect religieux, tout ce qui est aspect coutumier. Je ne sais pas comment le dire autrement, il n’y a pas d’autres mots pour le décrire.

Ça veut dire qu’il y a des éléments dans la cérémonie, ou durant tout le temps que dure le mariage, qui sont vraiment spécifiques. Est-ce qu’il y aurait un moyen de comparer un mariage africain et un mariage traditionnel africain ? Qu’est-ce qui fait qu’il y en a un que tu appelles traditionnel ? Est-ce que c’est la manière dont les gens sont habillés, dans les coutumes, dans les cérémonials qu’il y a durant le mariage avec des choses qui sont faites au moment de l’union ? Je découvre aussi avec toi, c’est ça qui est bien. Je pense qu’il y a beaucoup d’auditeurs et d’auditrices qui sont dans le même cas. Est-ce qu’il y a un évènement particulier, ou plusieurs, qui caractérise vraiment ces mariages traditionnels de l’Afrique de l’Ouest ? 

Oui, effectivement. Par exemple, pour le mariage traditionnel « européen » ou « américain », il y a le passage à la mairie. Pour nous, il y a un passage qui est obligatoire, c’est au moment où la femme va rejoindre son mari. Donc là, il y a toute une cérémonie autour de ça. Il y a les amis du mari qui vont venir chercher la femme et il va y avoir des jeux de rôle. Les amies de la mariée vont « bloquer » le passage des amis du mari et à ce moment-là, eux, par exemple, vont proposer une somme pour que la mariée sorte et puisse aller rejoindre son mari. Il y a plein de petits jeux comme ça.

Est-ce qu’ils vont sortir la valise de billets ? Est-ce une vraie somme ou est-ce vraiment juste histoire de dire, un folklore ? 

C’est une vraie somme d’argent. 

D’accord. Donc c’est une vraie somme sur laquelle tout le monde s’est accordé.

Exactement. Quand ça se passe bien en général, le futur marié et la future mariée se mettent d’accord sur une somme, les amis ne vont pas faire durer le truc et vont sortir la somme directement. Mais parfois, les amies de la mariée vont augmenter la somme, vont dire « nous, on veut tant », donc c’est une série de négociations dans laquelle il y a des allées et venues. Ensuite, il y a des chants et tout ça. Ça, c’est vraiment très traditionnel.

Est-ce que ça arrive que les amis de la mariée et du mari ne se mettent pas d’accord, qu’il n’y ait plus assez d’argent et qu’on ne puisse pas aller au bout de la cérémonie ? 

Ah oui.

Est-ce que ça arrive vraiment ? 

Dans tous les cas, dans un mariage, il y a de l’argent, je crois que c’est le lieu où il y a plus d’argent. Donc ils s’en sortent, même si parfois c’est un peu plus long que d’habitude.

Oui, il faut aller vers le papa ou la maman pour aller gratter quelques billets en plus.

Exactement. Ou alors, c’est une personne qui va sortir de nulle part et qui va dire « ça y est, j’ai envie que ça s’arrête », donc elle va sortir la somme. Mais en général, ce sont tous les amis du mari qui se cotisent, ce n’est pas qu’une seule personne, et ils sortent un montant. Par exemple, ils se mettent d’accord sur 300 euros et, au final, les amies de la mariée disent « non, finalement on veut le double », donc là tout le monde va essayer de récolter cet argent pour que la mariée puisse sortir.

Ah oui, d’accord. Donc en tant que témoins, il faut se dire que non seulement on a des choses à faire pour le mariage, mais qu’on va aussi potentiellement avoir à claquer plein d’argent.

Exactement. C’est vrai que souvent, quand on se prépare pour un mariage, on se dit qu’on va sortir de l’argent. 

C’est super intéressant. Est-ce qu’il y a d’autres choses auxquelles tu penses ou est-ce vraiment le point d’orgue de la cérémonie ? 

Oui. En général, c’est vraiment l’animation de la soirée. Ensuite, il y a aussi le moment où la mariée sort et c’est le frère du mari qui doit la porter. Donc il la porte, et ensuite il y a tout le monde qui suit. Puis, il y a une chanson spécifique qui est chantée à ce moment-là et qui dit que la mariée va rejoindre son mari etc. Il y a plein de petites animations comme ça. 

OK. Vu que tu t’es spécialisée dans ces mariages traditionnels, est-ce que tes clients sont justement des personnes qui ont envie de vivre ça mais ne savent pas réellement comment ça se passe et comptent sur toi pour les conseiller sur ces différents évènements, ces coutumes ? Est-ce que tu t’adresses vraiment à des gens qui les connaissent mal et qui veulent se faire accompagner parce qu’ils ont une méconnaissance de toutes les coutumes et traditions, ou est-ce que tes clients connaissent parfaitement le mariage traditionnel, savent comment ça s’organise, comment ils veulent le faire et qu’ils ont juste besoin d’aide dans l’organisation ? Je ne sais pas si tu comprends le sens de ma question. C’est de savoir si ta mission, à toi, c’est aussi de conseiller les futurs mariés sur les coutumes et les traditions que l’on doit mettre en place dans ce genre de mariage.

C’est un peu les deux parce qu’il y en a certaines qui viennent vers moi et qui connaissent très, très bien leurs coutumes, et il y en a d’autres un peu moins, forcément. Je dis « on » en parlant de ma communauté mais aussi parce que je suis franco-mauritanienne, c’est-à-dire que je suis née en France mais j’ai quand même l’héritage culturel. Parfois, l’organisation est un peu plus compliquée dans le cercle familial. Par exemple, j’avais une jeune mariée qui disait qu’il y a certaines coutumes qu’elle ne voulait pas forcément faire, que sa mère voulait absolument qu’elle les fasse et qu’elle avait peur de décevoir sa mère en disant qu’elle ne veut pas faire certaines coutumes. C’est plus dans le conseil pour cette personne-là. Pour une autre, en l’occurrence, c’était plus parce qu’elle connaissait mal. Elle voulait vraiment faire le mariage traditionnel, mais comme elle avait perdu sa mère, il y avait certaines choses qu’elle ne connaissait pas. Donc là, j’étais plus en train de lui dire « ça se passe comme ça, tu peux faire comme ça ». C’est pour ça que je dis que c’est un peu des deux, finalement. Je ne sais pas si j’ai été claire.

Très claire. Je vais revenir, d’ailleurs, sur tes premiers clients, sur la genèse de ton activité. Tu nous as parlé tout à l’heure que c’était justement parce que tu avais envie, toi aussi, de revenir un petit peu aux origines et être « confrontée » aux coutumes, de les incorporer dans ton activité. Est-ce qu’il y a eu un déclic qui a fait que tu t’es lancée ? Est-ce que tu peux nous raconter vraiment la genèse de ton projet et tous les débuts en tant que wedding planner ? 

Oui. J’avoue que j’aime beaucoup le monde du mariage en réalité. Je dirais que mon déclic était mon propre mariage parce que je voulais vraiment retrouver cet aspect, comme j’ai dit, traditionnel, culturel qui me ressemble. Et au moment où je me suis mariée, j’ai quand même recherché cette wedding planner qui allait organiser mon mariage. Finalement, je n’ai pas trouvé, donc je me suis dit que j’allais le faire solo. Et j’ai beaucoup aimé le résultat que ça a donné. C’est vraiment ça mon déclic, je me suis dit que ce serait l’occasion peut-être de proposer mes services d’organisation.

Ouais. C’est marrant parce que dans plein d’activités, d’ailleurs, quand on entend les créateurs, ce sont des gens qui avaient besoin à un moment donné d’un produit ou d’un service et qui ne l’ont pas trouvé, donc qui se sont dit « si je ne trouve pas ce que je veux, je vais le créer moi-même ». Dans l’organisation de mariage, c’est la première fois que j’entends ça puisqu’on est sur une activité où, même si en France c’est moins développé que dans d’autres pays, il y a quand même beaucoup de wedding planners dans toutes les régions. C’est vrai que c’est difficile d’imaginer le fait de chercher un wedding planner et de ne pas le trouver. Mais toi tu es sur un positionnement qui est assez spécifique, c’est sûr. C’est marrant puisque toi-même tu avais l’idée, quand tu t’es mariée, de faire appel à une wedding planner. Qu’est-ce qui fait que toi-même tu as eu envie de ça ? Est-ce que tu avais envie de faire appel à une wedding planner parce que toi-même, à cette époque-là, tu avais déjà l’idée de faire appel à une wedding planner, ou est-ce que parce que tu connaissais bien le métier et tu savais que ça allait t’apporter un plus ? 

Non, je voulais faire appel à une wedding planner parce que, j’en reviens toujours à moi et mes origines, quand on organise certains mariages dans la communauté africaine, c’est vrai qu’on mobilise souvent les personnes de la famille, c’est peut-être propre aussi à d’autres communautés, et c’est vraiment embêtant parfois. Par exemple, j’avais le mariage d’une amie, on l’avait organisé avec ses sœurs et ses amis, et au moment où elle est sortie pour aller rejoindre son mari, on n’était pas là parce qu’on devait faire le service en même temps. Je veux dire qu’il y a des moments clés qu’on a perdus parce qu’on était dans l’organisation. Et moi, quand je me suis mariée, je me suis dit qu’il faut que ça soit une personne extérieure à ma famille qui vienne organiser comme ça je sais que, dans tous les cas, ma famille sera là et pourra profiter au maximum de cet évènement. Puis, moi aussi, je pourrai profiter d’eux. Donc c’est plus dans ce sens-là. Je sais que je voulais être dans le monde du mariage, j’aime beaucoup aussi la décoration, mais pas forcément dans l’organisation. Et finalement, quand je me suis retrouvée à organiser mon mariage, je me suis dit pourquoi pas.

C’est top puisque, en plus, tu as le discours, tu sais ce qui a fait que tu as voulu faire appel à une wedding planner, donc c’est quelque chose que tu peux vendre aussi à tes prospects. C’est vrai que dans les mariages que je connais et que j’ai déjà faits, on sollicite beaucoup les témoins mais peut-être pas au point de faire le service ou ce genre de choses qui sont plutôt réservées au traiteur, quand on a la chance d’en avoir un parce que ce n’est pas toujours le cas. C’est plus dans le déroulé de la journée etc., sur des petites tâches mais qui ne vont peut-être pas au-delà d’un certain point. Du coup, tu as le discours marketing pour signer tes clients, « ne faites pas appel à la famille, sinon vous allez rater une bonne partie du mariage ». 

Ouais. Mais c’est surtout que chez nous, par exemple, on a un mot pour dire les demoiselles d’honneur et ce sont vraiment celles qui vont faire le service. Plus tu es proche de la mariée, plus tu vas t’investir, plus tu vas devoir faire le service, le ménage. Puis, il y a même dans certains mariages où c’est la famille qui cuisine, ça veut dire que l’organisation est vraiment faite par la famille, il n’y a pas de prestataire extérieur. Et ça, c’est encore très présent.

Tu as parlé de l’argent, est-ce qu’il y a aussi de l’argent qui est mobilisé pour les demoiselles d’honneur ou est-ce qu’elles font le travail gratuitement ? 

Comme je parlais tout à l’heure de l’argent de la part des amis du mari, c’est cet argent-là qui revient aux demoiselles.

Ah d’accord. Donc ce n’est pas de l’argent qui va directement dans les poches des mariés, c’est pour payer les personnes.

Ah non.

Ah d’accord. Heureusement que je t’ai posé la question.

C’est un peu pour payer le fait qu’elles « perdent » leur amie, c’est comme ça qu’on va plutôt le dire. 

D’accord. Ah oui. D’où le fait que ce sont les amies qui négocient puisque c’est de l’argent qui va leur revenir à la fin, en quelque sorte.

C’est ça, exactement. 

OK. Comment as-tu trouvé tes premiers clients suite à ça ? 

Ce n’est que du bouche à oreille. C’est vrai que ce n’est vraiment que du bouche à oreille, on a parlé de moi par ci, par-là. J’ai organisé le mariage de l’une de mes meilleures amies, ensuite le reste était des connaissances de connaissances. 

Et est-ce que tu penses que le fait que ce soit une communauté qui n’est peut-être pas très grande favorise aussi le fait que l’info circule vite ? Je te pose la question parce que, je ne vais pas faire de raccourci, généralement quand il y a des communautés qui ne sont pas en majorité dans un endroit, les gens ont tendance à se rassembler, à se voir. Puis, peut-être que dans ce cadre-là, les infos se transmettent assez vite.

Il y a de ça, oui. Mais c’est surtout que c’est un besoin. Comme j’ai dit, ce sont des personnes qui veulent garder un peu leur héritage culturel. J’utilise des grands mots, mais c’est exactement ça finalement. Et tout simplement, ils veulent garder leur héritage culturel au moment de leur mariage et peut-être le lier avec une organisation normale. Je ne sais pas comment dire ça. Il y a un réel besoin. Quand j’ai commencé à me faire connaître au sein de cette communauté, c’est vrai qu’on m’a dit « mais c’est génial, c’est exactement ce dont j’ai besoin ». Souvent, le mariage chez nous, c’est découpé. Il y a le mariage à la mairie. Ensuite, il y a ce qu’on appelle la chambre, quand la femme va rejoindre son mari. Puis, il y a le moment où elle sort de la chambre avec son mari. C’est-à-dire que c’est découpé en trois. Et finalement, le fait que je propose peut-être ces services-là, ça peut allier tout ça et, du coup, réduire un peu les coûts.

OK. Donc tu travailles essentiellement, lorsqu’on a parlé un petit peu avant d’enregistrer, avec des couples français qui habitent en France et qui veulent se marier selon les coutumes traditionnelles.

C’est ça, exactement. 

Est-ce que tu n’as pas encore eu de demande de mariage à organiser au Mali ou au Sénégal ?

Si, j’ai eu une demande pour le moment et j’espère pouvoir y aller et pouvoir aller organiser. Donc j’ai une demande, mais j’aimerais bien pouvoir aller jusque-là. 

D’accord. C’est un mariage en 2023, j’imagine.

Oui, fin 2023. C’est ça.

Et par rapport aux prestataires, j’ai l’impression que même si c’est toi qui organises, peut-être qu’il y a toujours cette tradition qui est que c’est la famille généralement qui fait beaucoup et il y a peut-être peu d’appels à des prestataires extérieurs. Est-ce que c’est quelque chose que tu confirmes et que ton rôle est peut-être uniquement un rôle de chef d’orchestre plus qu’un rôle de « je vais vous trouver tel ou tel prestataire » ? Par rapport à une wedding planner un peu plus « classique », qu’est-ce qui change pour toi ? 

C’est vrai que, effectivement, pour le moment je n’ai pas eu à organiser de mariage de A à Z, où je propose tous les prestataires et tout ça, parce qu’il y a encore le côté où les gens m’appellent vraiment plus pour le déroulement, plus pour la coordination, pour les conseils, pour vraiment ça. Je propose aussi à côté de la déco qui est entièrement avec des tissus africains. En fait, ils ont déjà leurs prestataires en interne, soit ce sont des personnes qui les connaissent, soit ça va être leur famille. Mais c’est réellement ça.  

OK. Donc toi tu fais plus de la coordination jour J plutôt que de la coordination de A à Z.

C’est ça.

D’accord. Comment est-ce que tu t’organises par rapport à la coordination jour J ? Comment est-ce que tu procèdes ? Est-ce qu’il y a des points avec tes clients en amont, qu’il y a une journée classique ? Comment est-ce que ça se passe ? J’ai vu que tu avais fait un mariage de plus de 200 personnes. Quand on démarre, même si tu n’as pas eu à gérer tous les prestataires, d’ailleurs c’est peut-être quelque chose que tu fais aussi le jour J, surtout sur un mariage comme ça qui peut être aussi grand, j’imagine que ça ne va pas être une mince affaire. Il y a plusieurs questions dans la même question, donc je ne sais pas comment tu vas répondre à ça, mais on peut résumer. C’était de savoir comment tu gères un mariage à 200 personnes quand tu n’as même pas un an d’expérience, puis quelle est ta prestation type et comment tu l’organises.

Pour le mariage de 200 personnes, je tiens à préciser qu’à la base ça devait être un mariage de 100 personnes et qu’on s’est finalement retrouvés à 200 personnes. J’ai organisé en vrai un mariage, mais j’en ai eu plusieurs dans l’année 2022 dans lesquels je me retrouvais à faire quand même de la coordination, de l’organisation, même si je n’ai pas été forcément sollicitée pour ça au départ. Il faut savoir que la mariée mobilise du monde, même si moi je ne fais pas appel à ces personnes-là, pour être avec moi au moment de l’accueil des personnes, par exemple, au moment de l’installation, au moment de tout. Donc ça veut dire que moi, quand j’arrive, je n’hésite pas déjà à faire un point avec ces personnes-là. Ça peut être des cousines, ça peut être des personnes plus ou moins proches de la famille. À ce moment-là, je n’hésite pas à faire appel à ces personnes-là pour gérer tout ce qu’il y a à gérer. Je ne sais pas quelle était la spécificité de ta question. Mais au moment où on est confronté à cette situation-là, on est obligé de gérer, c’est ce que je fais. 

Donc ça veut dire que même si ton rôle est de faire en sorte que la famille s’occupe de moins de choses que pour un mariage où il n’y a pas de wedding planner, tu sollicites quand même la famille pour ta prestation. Peut-être pas pour les moments clés parce que, apparemment, les moments clés c’est vraiment où tout se passe, et j’imagine que tu fais en sorte qu’il n’y ait personne qui ait à faire quoi que ce soit. Est-ce que ça t’arrive quand même d’être un peu sous l’eau et de dire « je suis désolée, mais là je vais avoir besoin de la cousine » ? 

Oui, oui. Mais c’est surtout qu’on me propose. Même si on organise un mariage, il n’y a pas d’organisation parfaite, mais il y a toujours, surtout dans les mariages africains, des retards, des manquements, il y a toujours certaines choses qui ne vont pas, donc c’est toujours une équipe de « secours » qui est là et on est obligé d’y faire face. Au dernier mariage, par exemple, il devait y avoir une décoratrice qui n’est pas venue finalement, donc on a dû gérer. Sur le coup, j’ai sollicité les personnes que je connaissais et on s’est mis à décorer la salle. Ce sont des choses qui peuvent arriver dans les mariages.

D’ailleurs, est-ce que ce n’est pas un gros changement pour des familles qui seraient traditionnelles, qui auraient envie d’aider et à qui on dit « non, je suis là pour ça » ? Est-ce que ça arrive parfois qu’il y a vraiment des gens qui ne peuvent pas s’empêcher d’aider parce que c’est la tradition et ils ne sont pas habitués peut-être à avoir une wedding planner ? 

Ce n’est pas seulement aider, c’est prendre le contrôle. Oui, ça arrive souvent. La grande sœur, par exemple, de la mariée qui va venir et qui va dire « non, on ne fait pas comme ça », alors que moi j’ai eu les instructions de la mariée. 

Ah oui. Donc c’est aussi gérer ce genre de mini conflits qui peuvent arriver et qui ne doivent pas être simples, en plus, j’imagine.

Non, pas du tout.

Parce que la sœur a envie aussi d’avoir sûrement son rôle à jouer.

Exactement, ouais. Ce sont des choses que je dis en amont. Par exemple, pour ma meilleure amie à qui j’ai organisé le mariage, je disais « il va falloir voir avec tes sœurs », parce que je savais que parfois ça pouvait être un peu compliqué, j’avais déjà eu le cas, elle m’a dit « non, ne t’inquiète pas, ça va aller ». Finalement, au moment du mariage, la grande sœur était tellement stressée. Ce sont des choses que je comprends, donc je ne vais pas non plus le prendre mal, mais je vais essayer tout doucement de m’introduire pour reprendre un peu les rênes. 

Comment est-ce que les gens réagissent quand tu dis autour de toi que tu es une wedding planner ? Est-ce que c’est un métier qui est maintenant connu dans ta communauté ? Est-ce que tu dois éduquer pas mal par rapport à ton activité ? 

C’est vrai que ce n’est pas connu, il y en a beaucoup qui sont très étonnés et qui me disent « ah ouais, wedding planner, c’est trop bien, mais qu’est-ce que c’est ? » Là, je leur explique, puis ils me disent « tu es wedding planner, c’est trop bien, par contre je n’ai pas besoin de toi ». Parce que dans leur conception, c’est toujours les parents, la famille qui organise, donc ils se voient mal faire appel à une personne extérieure pour venir organiser leur mariage. Mais ça se fait tout doucement. Quand je leur explique, ils me disent « ah ouais, c’est vrai, peut-être que je ferai appel à toi quand je vais me marier ». Ça les surprend mais de manière plus positive. Mais c’est vrai qu’il y a beaucoup de personnes qui se trompent et qui pensent que la wedding planner est une décoratrice, je leur dis que non, que c’est une personne qui va venir et qui va tout faire, ça veut dire qui va proposer autant des services d’organisation que de traiteur, donc je leur dis non aussi. C’est un peu ça.

D’accord. Ça va nous faire tranquillement transitionner sur le dernier segment du podcast où je pose généralement les mêmes questions à tous les invités. La première, tu y as déjà répondu, c’est quels sont les mauvais conseils que tu entends souvent donnés dans le domaine de l’organisation de mariage ? J’imagine qu’il y a le fait que les gens pensent que tu fais tout, c’est ce que tu viens de me dire, ou que tu n’es que décoratrice. Est-ce que tu penses à quelque chose d’autre, sinon ? 

Non, pas forcément. C’est vraiment ça qui revient régulièrement, soit décoratrice, soit que je vais tout faire vraiment de A à Z, ou alors qu’ils peuvent me mobiliser. Chez nous, comme j’ai dit tout à l’heure, il y a des mariages qui peuvent se découper en trois week-ends. S’ils mobilisent une fois, ça va être pour les trois week-ends. 

D’accord. Quand tu avais dit trois, je croyais que c’était en trois phases, mais je n’avais pas du tout compris que c’était carrément sur trois week-ends différents.

Des fois, ce sont trois phases sur un week-end ou une journée. Mais il y en a certains où ça va être trois week-ends complètement. 

Ah oui. Donc on peut te booker sur trois week-ends d’affilée. Je ne sais même pas si c’est trois week-ends d’affilée, d’ailleurs.

En général, oui.

Donc au final, ce n’est pas si mal parce que tu vends une prestation une fois mais tu la fais trois fois, en quelque sorte.

Exactement, c’est ça.

Quand tu parlais que ça pouvait être plus économique pour les mariés, à quoi est-ce dû ? Est-ce parce que tu fais un tarif « de gros », tu fais un genre de remise, tu ne fais pas trois fois le prix d’un week-end, tu fais peut-être un tarif global pour les trois ? 

Déjà, il y a ça. Et puis surtout, je leur propose une organisation qui peut se faire en un week-end et pas en trois week-ends. C’est plus dans ce sens-là. 

D’accord, OK.

Parce que parfois, c’est simplement parce que la mariée veut avoir une fête de ce type-là et la mère de la mariée veut une fête de ce type-là. Parfois, je leur propose une organisation qui peut aller aux deux.

Tu condenses trois week-ends en un seul, comme ça tout le monde est content.

Exactement, c’est ça.

Ouais. Et puis, je pense aux invités, il y en a qui viennent de loin, s’ils se déplacent trois fois, ce n’est quand même pas la même chose.

C’est exactement ça.

Sinon, est-ce qu’il y a un outil, un logiciel, un objet, une application dont tu ne pourrais pas te passer dans ton quotidien de wedding planner ? 

Je suis adepte des planners, mais vraiment papier.

Ah des planners papier, d’accord.

Ouais. J’en ai vraiment de toutes les couleurs, de tous les formats.

As-tu des marques que tu préfères ? Est-ce qu’il y a des marques qui sont connues dans ce domaine-là ? Je ne sais pas si c’est un mot qui est plus anglais, d’ailleurs, que français. Peut-être un organiseur en français, je ne sais pas. Je ne sais pas s’il y a des marques dans ce domaine-là qui sont assez connues et qui font des produits assez sympas.

Non, c’est vrai que je n’ai pas de marque spécifique. Honnêtement, tant qu’il me plait et qu’il fait l’affaire, je le prends.

Je ne visualise pas trop. Est-ce que ce sont des gros carnets de note avec des intercalaires dedans où tu peux classer par catégorie ? 

Exactement. Oui, c’est ça. Je n’ai pas encore acheté mais sur un site internet j’ai vu qu’il y avait carrément un planner pour les wedding planners qui permet de mieux s’organiser pour l’organisation d’un mariage. 

OK. Donc tu es très papier/crayon, tu n’es pas trop outil numérique.

Oui.

D’accord. Pour toi, quelle est la grande tendance mariage des années à venir, même si tu n’es peut-être pas la mieux placée pour ça, sachant que tu es vraiment sur une thématique précise ? Est-ce que, dans le mariage traditionnel africain, tu vois déjà des choses qui bougent ou des traditions, des coutumes qui se modernisent ? Forcément, avec la nouvelle génération, est-ce qu’il y a des choses qui changent ? Est-ce que tu as vu des choses qui ont changé par rapport à toi, quand tu t’es mariée, et maintenant ? 

Non, je ne saurais dire. Mais je sais qu’il y a de plus en plus de personnes dans les communautés africaines qui revendiquent un peu, comme j’ai dit tout à l’heure, leur identité. De manière générale, on essaye de se rattacher un peu à sa culture, à ses racines et ça se voit de plus en plus à travers les mariages.

C’est le retour aux sources, en quelques sortes.

C’est ça. Les tenues, les bijoux, il y a tout ça.

Oui, c’est peut-être une contre-tendance, aller contre le modernisme, le fait que ça bouge vite avec la mondialisation etc., ce genre de choses qui font que les gens ont plus envie de retourner aux sources.

Ouais. Ce qui est beau, c’est que ça reste quand même très moderne, ça reste un mariage moderne mais avec toujours cet aspect un peu africain, culturel. Donc ça va être avec les tissus, ça va être avec plein de choses. C’est un peu le « luxe à l’africaine ». Il y a de plus en plus ce côté-là. 

D’ailleurs, l’une des questions que je voulais te poser et que je ne t’ai pas posé, c’est de savoir si pour toi il y avait un vrai marché sur ces mariages-là et que tu vois le marché comme ça se développer sur les mariages traditionnels que tu proposes, ou est-ce qu’il y a un moment où tu penses qu’il faudrait que tu te ré-orientes et que tu organises des mariages un petit peu « classiques » ? Comment est-ce que tu vois le marché évoluer ? J’imagine, par rapport à ta précédente réponse, que tu vas me dire que c’est plutôt l’inverse.

Exactement. Oui, c’est plutôt l’inverse. J’ai même envie de dire que là j’espère, en tout cas, évoluer vers une gamme un peu plus haute parce qu’il y a de plus en plus de personnes qui ont envie d’avoir des mariages un peu plus haut de gamme et toujours avec ce côté africain, traditionnel. Donc je pense qu’il y a toujours le marché.

Et qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite pour ces prochaines années ?

De prospérer, c’est la seule chose. 

Et comment est-ce que ton année 2023 se présente ? On enregistre à mi-décembre là. Est-ce que ça se présente aussi bien que l’année 2022 ? 

Oui, honnêtement. C’est vrai que je ne suis pas à 100% dans mon activité pour le moment, mais ça évolue plutôt bien parce que j’ai pas mal de demandes et ça se confirme.

Ce qu’on peut te souhaiter, c’est que tu aies tellement de demandes que ça représente 100% de ton activité dans les prochains mois.

J’espère aussi. C’est gentil.

En plus, tu m’as dit que tu n’étais toujours pas sur les plateformes, donc il faut que tu t’y mettes pour générer encore plus de demandes de contact et faire encore plus de business. 

Exactement.

En tout cas, c’était un plaisir de t’avoir sur le podcast. De mon côté, j’ai appris plein de choses, j’imagine que les gens qui nous écoutent aussi. Puis, ça fait plaisir de découvrir autres choses dans le domaine du mariage où on a trop tendance à penser que c’est un seul type de mariage, celui qu’on connait, alors qu’il y a tellement de coutumes, tellement de traditions selon les pays, selon les continents. Je pense qu’il n’y aurait pas assez de toute une vie de podcast pour tout aborder.

C’est ça. 

C’était top parce que tu nous as éclairés sur le mariage africain. Excuse-moi, je t’ai coupée, tu voulais dire quelque chose.

J’ai dit que c’est surtout que ça permet de faire découvrir autrement le mariage. C’est ça aussi le but.

On a voyagé avec toi, en tout cas, aujourd’hui. C’est top.

C’est gentil.

On te souhaite le meilleur pour la suite. Puis, je te dis peut-être à une prochaine sur le podcast.

Merci beaucoup. Merci à toi.

Salut Dieynaba.

Salut. 

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